Le haut potentiel (HP).

Caractéristiques du haut potentiel :

Le Haut Potentiel définit une intelligence, non pas « supérieure », mais qui permet plus rapidement (2 à 2 fois et 1/2 plus rapide par rapport à un sujet témoin) de faire des liens entre les choses (entre une situation, une parole, …etc.) et son stock de mémoire.

Autrement dit, les pensées font l’objet de transmission de liens très rapides, dits en « arborescence » . Une idée engendrant une multitude d’autres idées.
Alors que le mode de pensée chez la plupart des personnes serait plutôt « linéaire ».

Paradoxalement, le fonctionnement en arborescence peut aussi engendrer une lenteur, car il peut dévier la personne de sa tâche initiale.

Une différence « en dehors de la norme ».

En premier lieu, il est important de dire que le « haut potentiel » n’est pas synonyme de « supériorité » mais de différences, à la fois quantitative et qualitative, du fonctionnement cognitif, affectif et/ou sensoriel.

Evidemment, tout le monde est différent et notre différence constitue notre richesse.

Mais il s’agit ici d’une différence « en dehors de la norme ». C’est-à-dire en dehors de la moyenne, de la majorité de la population.

Loi normale ou courbe de Gauss.

En sciences humaines, nous observons souvent des distributions plutôt symétriques, avec une forme de cloche, qui dessinent une courbe appelée Loi normale (ou courbe de Gauss).
Au milieu de la courbe nous retrouvons le plus grand nombre, et à chaque extrémité une minorité.

Par exemple, lorsque nous apercevons une personne qui mesure entre 1m60 et 1m85, cela ne retient pas notre attention, car nous avons l’habitude de ces différences.
En revanche, lorsque nous croisons une personne qui fait 1m40 ou 2m, cette différence nous interpelle car elle n’est pas habituelle pour nous.
La taille des portes, la hauteur des miroirs, la longueur des lits sont rarement adaptées au « très » grandes personnes. Celles-ci doivent sans cesse se baisser pour se mettre à la hauteur de la taille « standard ».

La norme est susceptible de changer.
Récemment, les courbes de croissance des enfants ont été refaites, car trop d’enfants « sortaient » des courbes.

« Neuro-typiques » et « neuro-atypiques ».

Certains parlent de personnes « neuro-typiques » ou « neuro-atypiques ».

Les « neuro-atypiques » seraient nommées ainsi car en nombre minoritaire.
Et les « neuro-typiques » représenteraient en fait le plus grand nombre.

Ainsi, les « neuro-typiques » pourraient se situer au centre de la courbe, et les « neuro-atypiques » à chaque extrémité.

Norme et pathologie.

L’état « pathologique » est à opposer à l’état de « santé ».
La santé est définie par l’OMS comme un état de bien-être complet physique, psychique et social.
Si un sentiment de mal-être apparaît, la pathologie apparaît.
L’objectif visé est alors de rétablir la santé en supprimant le mal-être. L’idée est de rétablir un sentiment de bien-être ou, du moins, de mieux-être.

Un fonctionnement en dehors de la norme signifie « en dehors de la majorité ».
S’il ne porte pas atteinte au bien-être, il n’est pas à considérer comme un état de mauvaise santé ou de pathologie.
Il faut donc pouvoir, non pas tenter de le réduire dans l’idée de le faire rentrer dans une norme, mais au contraire le respecter.
En effet, vouloir le supprimer équivaudrait à demander à la personne de « s’amputer » une partie d’elle-même.
Et c’est cette « amputation » qui risque d’entraîner un mal-être et donc la pathologie.

Cependant, un fonctionnement en dehors de la norme peut parfois être le témoin d’une souffrance ou bien un mécanisme de défense mis en place pour faire face à un sentiment de mal-être.
Dans ce cas, « anormal » et « pathologie » sont intriqués et se confondent.

Un QI élevé ?

Le terme « Haut Potentiel » est probablement mal choisi. De même que les termes « précocité », « surdouance » et « zèbre » (pour dire « ni cheval ni âne »).
En effet, ils laissent penser que la personne serait dotée de capacités « exceptionnelles ».
Ils classent les personnes selon des degrés hiérarchiques d’intelligence. Ils sous-entendent que certaines seraient « plus intelligentes » et d’autres « moins intelligentes ».
Or, l’intelligence est globale et ne peut être uniquement mesurée ou quantifiée par un seul test standardisé de QI.

De plus, un QI plus élevé ne peut expliquer en soi les difficultés et la souffrance rencontrées.

Le choix de ces termes viendrait du fait que ce fonctionnement singulier aurait d’abord été observé chez des personnes ayant un résultat au test de QI plus élevé que la moyenne.
Mais il s’agit d’un fonctionnement qui dépasse le test de QI. Aussi, le QI ne serait pas toujours plus élevé. Il peut aussi être hétérogène.
C’est ainsi que certains différencient ce qu’ils appellent le « haut potentiel intellectuel » où le QI serait supérieur à la moyenne (HPI) du « haut potentiel émotionnel » lorsque le QI est dit normal (HPE).

Quel terme et quelle définition retenir ?

En revanche, l’étude et la compréhension du fonctionnement en « arborescence » paraît être utile et intéressante.

Pour comprendre ce fonctionnement, il faut pouvoir entendre « haut » au sens d’« excessif » et « potentiel » comme les « capacités ET incapacités » particulières d’une personne.

 

Un sentiment de différence.

La grande caractéristique des personnes ayant un fonctionnement en arborescence (« haut potentiel »), c’est d’avoir le sentiment de ne pas être comme les autres, d’être trop différent, d’être trop en décalage, d’être « à part ».
D’une part, la personne perçoit qu’elle n’est pas « en phase » avec le monde qui l’entoure. D’autre part, son entourage lui renvoie ce même message.

Ainsi, la personne peut exprimer un sentiment d’incompréhension.
Elle se sent souvent incomprise et/ou elle a le sentiment de ne pas comprendre les autres.

Cette trop grande différence peut engendrer des problèmes d’adaptation comportementale et relationnelle, qui risquent de faire souffrir la personne.
En effet, la personne perçoit ses propres difficultés d’intégration sociale, ce qui peut engendrer une altération de l’estime de soi.

Ainsi, nous retrouvons l’expression d’une auto-dévalorisation qui est fréquente chez les personnes présentant un fonctionnement « haut potentiel ».
D’une part du fait de la conscience des limites de leur intelligence qui serait caractéristique du fonctionnement en arborescence. D’autre part du fait du vécu de décalage.

Le « faux self » :

Cependant, les difficultés d’intégration ne sont pas toujours présentes ou visibles.
En effet, certaines personnes parviennent à faire preuve de conformisme.

« Self » signifie « Soi » en Anglais.
Le « faux self » (DW Winnicott) résulte de l’adaptation de sa personnalité aux attentes de l’environnement, au détriment de ses besoins, envies et ressentis propres (qui se trouvent alors déniés).

La personne, souvent pour éviter le rejet, se moule aux attentes de l’environnement, agit par imitation, parfois au prix de se rendre elle-même invisible et de passer inaperçue.

Ainsi, lorsque le fonctionnement en « faux-self » devient omniprésent, il risque d’étouffer la personnalité spontanée et authentique (le « vrai self ») de la personne.

« Trop, trop et encore trop !!! »

Ce que, à juste titre, peut ressentir et percevoir l’entourage c’est du « trop », de l’excès.

Et ce « trop », l’entourage peut ne pas le comprendre. Et, comme il ne le comprend pas, il pourrait le juger comme indésirable.
En effet, l’être humain a tendance à vivre sa propre incompréhension comme un témoin de son insupportable incompétence. Pour se défendre et se protéger, il risque alors d’interpréter que c’est la personne en face de lui qui a « un problème », qui n’est « pas comme il faut », qui doit « changer », ou « faire un effort ».

Et cela d’autant plus que l’entourage voit la personne souffrir, en détresse.
Car ce fonctionnement dans l’excès n’est pas dépourvu d’inconvénients et de souffrance potentielle pour la personne elle-même.
La perception d’une souffrance ne peut que conforter l’entourage dans l’idée qu’il y a effectivement bien un problème, que la personne doit « changer », « rentrer dans la norme », pour arrêter de souffrir.

Les fonctionnements cognitif et affectif peuvent donc être identifiés comme trop particuliers, trop « étranges » aux yeux d’autrui.
Par exemple, la personne peut être vue comme « torturée », « trop compliquée », « trop sensible ».

Ainsi, l’entourage est susceptible, du fait de son impuissance face à une compréhension qui lui échappe, de réagir par de l’indifférence qui frôle l’ignorance, ou bien par de l’agacement, voire par du rejet.
Il peut aussi, en voulant apporter son aide, avoir tendance à essayer de « corriger » le comportement de la personne. En lui disant, par exemple, que sa façon de faire n’est pas la bonne ou bien « ne sert à rien ».

L’altération de l’estime de soi.

Du fait de sa propre perception et/ou du renvoi par l’entourage de cette trop grande différence, la personne peut déduire qu’elle est « à côté de la plaque », a « un problème », est « bizarre », parfois même est « folle ».

A l’extrême, le vécu de décalage peut engendrer le sentiment de ne pas être légitime et/ou de ne pas avoir sa place. Là maintenant et ici sur Terre, d’être « un extraterrestre » et/ou « hors du temps » . Comme si elle appartenait à une autre planète ou à une autre époque.

Ainsi, du fait d’un sentiment d’appartenance défaillant, c’est le sentiment d’identité, parfois même le sentiment d’existence, qui peut être atteint.

Si la personne ne se sent pas légitime ou bien si le « vrai self » est asphyxié par le « faux self », la personnalité authentique ne peut pas s’exprimer.
Cela peut alors engendrer ou renforcer un sentiment de vide, de solitude, d’angoisse, voire peut s’installer un état d’effondrement dépressif.

 

Inné ou acquis ?

Le fonctionnement dit du « haut potentiel » ne serait pas considéré comme une pathologie psychiatrique, mais comme une façon innée singulière de réfléchir et de percevoir le monde.
On ne pourrait donc pas à proprement parler de « diagnostic ».

Cependant, il pourrait être aussi un mécanisme de défense développé ou favorisé en réaction à un défaut du « pare-excitation », en rapport avec des besoins affectifs primaires de sécurité, de protection et de réconfort insatisfaits.
Soit car ces besoins innés sont plus intenses que la moyenne et/ou car l’entourage n’a pas pu y répondre de façon suffisante.

Le bio-psycho-social :

Nous savons que l’inné et l’acquis sont intriqués.
Pourtant, nous avons encore trop souvent tendance à penser que « tout » serait lié à l’environnement, avec le risque d’accuser ce dernier de tous les maux.
Ou, à l’inverse, à se persuader que l’environnement n’y peut rien car il ne s’agirait que de biologie et de génétique.

Un enfant se co-construit avec son environnement.
Le « biologique » : L’enfant vient au monde avec un bagage génétique qui conditionnera sa biologie et son tempérament.
Le « social » : L’enfant interagit avec le monde qui l’entoure, avec ceux qui s’occupent de lui. L’environnement aura évidemment une influence sur son développement.
Le « psychologique » : L’enfant n’est pas passif mais bien acteur dans la relation à l’autre, dès ses premiers instants de vie, dès la naissance. L’enfant, en partant à la fois de sa biologie et de ce que va lui offrir son environnement, fera des « choix » psychiques inconscients. Ces choix modèleront la construction de sa personnalité et détermineront la place qu’il occupera en interaction avec les autres et le monde.

Le sentiment d’existence.

A travers la notion d’attachement, l’entourage satisfait, par des soins continus, les besoins affectifs primaires de sécurité, de protection et de réconfort de l’enfant.

Un des besoins affectifs fondamentaux semble être le besoin de reconnaissance.
Le nom « reconnaissance » est à entendre au sens de la définition « Action de reconnaître quelque chose comme légitime » (Larousse).
Et le verbe « reconnaître » au sens « Identifier quelqu’un, quelque chose, le nommer en fonction d’un caractère donné ».
Le besoin de reconnaissance est donc le besoin d’être identifié (au travers de ses besoins, envies, ressentis, pensées, …etc.) comme légitime.

Ainsi, le regard de l’autre a une fonction de miroir, qui renvoie une légitimité à être, à exister.

Cette reconnaissance permet l’attache, l’accroche, l’ancrage au monde.

Le « pare-excitation ».

Le « pare-excitation » a une fonction de protection de l’organisme contre les excitations en provenance du monde intérieur (sensations et émotions : comme la faim, la fatigue, la tristesse, l’angoisse, etc.) et du monde extérieur (stimuli sensoriels : comme le bruit, la lumière, etc.) qui, de par leur intensité, risqueraient de le détruire.

Au départ, cette fonction est assurée par les adultes qui s’occupent de l’enfant.
Plus tard, elle agit comme une barrière entre le dedans et le dehors filtrant passivement les excitations et permettant ainsi de protéger l’organisme contre les excitations internes et externes.

Ainsi, le pare-excitation a une fonction d’enveloppe protectrice.

Le défaut du pare-excitation peut engendrer une « surexcitation » (ou hyperstimulabilité), un ressenti d’agression (ou hypersensibilité), mais aussi un sentiment de vide, de manque affectif à combler (effondrement).

En même temps que le fonctionnement en arborescence pourrait permettre de remplir un sentiment de vide, il serait susceptible de le creuser.
En effet, s’il engendre un sentiment d’inadaptation ou une sur-adaptation en « faux self », les besoins affectifs d’écoute, de compréhension et de soutien demeurent fondamentalement insatisfaits.
D’autant plus que l’entourage peut se retrouver complètement démuni, dans l’impossibilité de répondre de façon adaptée, face à un fonctionnement qui lui paraît trop étranger, incompréhensible, car trop intense.

Etiopathogénie :

L’étiopathogénie est l’étude des causes et des facteurs d’un trouble.

L’hyperstimulabilité et l’hypersensibilité sont multifactorielles.

Certains cas semblent davantage constitutionnels.
L’accent est mis ici sur l’hypothèse d’une différence neurologique (neuro-atypicité) et sur le rôle possible de l’hérédité.

Ailleurs, cette conduite semble plutôt secondaire à des troubles affectifs ou socio-éducatifs. Nous la considérons alors comme un symptôme témoin d’une difficulté de développement de la personnalité, de nature anxieuse, voire dépressive.
Par exemple, un vécu de privation affective, des frustrations importantes, des exigences environnementales excessives ; ou à l’inverse une surprotection, une absence de frustration, une absence de contrainte ; ou encore des chocs émotionnels, une situation anxiogène, des anomalies de communication avec l’environnement, etc.

En fait, des intrications neuro-développementales, biologiques ou génétique, et psycho-affectives, émotionnelles et relationnelles, co-existent la plupart du temps. Bien que dans des proportions variables.

 

Identification du fonctionnement en arborescence :

Un fonctionnement cognitif, affectif et corporel « au delà de la norme ».

Le fonctionnement en arborescence serait défini par un fonctionnement quantitativement et qualitativement « trop » excessif et singulier des capacités et incapacités intellectuelles et/ou émotionnelles et/ou sensorielles.

Il s’agirait d’un fonctionnement cognitif, affectif et corporel caractérisé par :
– Une hyperacuité ou hypersensibilité intellectuelle et/ou émotionnelle et/ou sensorielle.
L’hyperacuité ou hypersensibilité est le fait de percevoir des choses que les autres ne perçoivent pas.
L’hypersensibilité peut engendrer un vécu d’agression.
– Une hyperstimulabilité intellectuelle et/ou émotionnelle et/ou sensorielle.
L’hyperstimulabilité traduit un besoin incessant de stimulation, un besoin insatiable d’être nourri.
C’est une recherche du « toujours plus » et du « toujours plus loin », voire de l’extrême, de l’atteinte de ses propres limites.

C’est comme si la personne ne sentait pas ses limites (intellectuelles, émotionnelles et/ou sensorielles) et avait besoin de s’y confronter, peut-être, pour se sentir exister.

Bilans complémentaires.

C’est avant tout l’abord clinique qui permet d’appréhender et de comprendre ce fonctionnement singulier.

Des bilans complémentaires peuvent également être réalisés.
Mais s’il peut être nécessaire d’avoir recours à des bilans pour le diagnostic, la démarche diagnostique ne peut se résumer à leur utilisation qui n’est qu’une aide au jugement clinique

Les tests neuro-psychologiques permettent d’explorer le fonctionnement cognitif. Mais le test de QI parait insuffisant pour évaluer l’intelligence intellectuelle globale de la personne.
Les tests psychologiques étudiant la structure ou personnalité du sujet permettent d’éclairer le fonctionnement affectif.

Enfin, un bilan psychomoteur avec une analyse de la sensorialité permet d’éclairer le fonctionnement corporel et sensoriel.

Co-morbidités psychiatriques.

La perception de cette différence, sans la comprendre, pourrait favoriser l’apparition ou l’expression de certaines pathologies psychiatriques et/ou neuro-développementales.

Ces pathologies pourraient être favorisées par l’existence d’un décalage trop grand entre les exigences de l’environnement et les capacités de la personne.
Elles pourraient résulter d’une sur-adaptation engendrant un fonctionnement en « faux-self » excessif asphyxiant la personnalité spontanée et authentique.
Ou bien d’une décompensation, secondaire à un échec ou un épuisement de la tentative d’adaptation, face à des exigences insurmontables.

En effet, nous repérons des co-morbidités fréquentes avec ce qu’on appelle le « Haut Potentiel », comme par exemple le TDAH.
Par ailleurs, l’altération de l’estime de soi peut engendrer une décompensation anxio-dépressive, et la sur-adaptation un « burn-out ».

 

Principaux signes cliniques du fonctionnement en arborescence :

Vécu de décalage avec autrui +++.

La personne se sent différente et est généralement capable de l’énoncer.

L’enfant ne s’en rend pas toujours compte. C’est parfois l’entourage enseignant qui interpelle les parents.
C’est souvent au cours de l’adolescence, à partir du collège ou du lycée, que la personne prend conscience de sa différence. Mais cela peut aussi être avant, à l’école primaire.

Certaines personnes sont capables de conformisme, afin de satisfaire le sentiment d’appartenance au groupe.
Mais, parfois, au prix de ne plus se sentir elles-mêmes, lorsque le « faux-self » a pris toute la place.
La personne peut alors exprimer le sentiment d’être un « caméléon », un « imposteur », de porter « un masque ». Ainsi que la peur d’être « démasquée ».

Certaines sont solitaires et vont entretenir peu de relations avec les autres, sans que cela ne leur pose problème.
D’autres vont être dérangées par le sentiment d’être « autarcisées », et en souffrir.

Enfin, il y a celles qui sont très bien adaptées, lorsqu’un équilibre entre leurs besoins et les attentes de l’entourage a pu se créer.

Une acuité et hyperstimulation intellectuelle.

Un cerveau en « ébullition » perpétuelle. 

Les pensées fusent et défilent sans relâche.
La personne passe d’une idée à une autre sans pouvoir s’arrêter. Elle se pose beaucoup de questions et de manière incessante.
Autrement dit, l’activité mentale ne connait pas de repos.

La personne manifeste une curiosité extrême et insatiable.
Elle veut toujours savoir le « pourquoi » de tout.

La personne part en quête de sens et de « vérité ». 
Elle a besoin de « tout » comprendre : elle-même, les autres, le monde et l’univers.
Ainsi, elle a tendance à rechercher la complexité, à avoir le souci du détail et à faire preuve d’un perfectionnisme forcené.

Ses intérêts peuvent prendre la forme d‘engouements passionnels.
Avec, très souvent, le développement d’une passion pour au moins un domaine scientifique. Comme, par exemple, les astres et les planètes.
En effet, quoi de mieux que la Science pour tenter de répondre au besoin de tout expliquer et de tout savoir ?!

Cette activité cérébrale foisonnante a tendance à épuiser l’entourage qui n’arrive pas à suivre.
La personne est alors souvent perçue comme « pénible », ou du moins « fatigante ».

Précocité et facilités dans les apprentissages.

Ces facilités ne seraient pas constamment présentes, mais lorsque c’est le cas, l’enfant a des compétences qui paraissent être innées.
L’enfant sait et l’entourage ignore comment l’enfant a appris.

C’est comme si l’enfant shuntait l’étape première de l’apprentissage, celle d’être incompétent.
Le risque est que l’enfant ne connaisse pas l’échec. Et, en conséquence, développe plus tard une peur de l’échec.

Des centres d’intérêts différents.

En général, le sujet n’a pas ou peu de centres d’intérêt partagés avec les personnes de son âge.

La précocité peut également se traduire dans le fait que l’enfant s’adresse de façon privilégiée à des plus âgés.
L’enfant peut aussi s’intéresser aux plus jeunes dont il aime s’occuper. L’enfant prend alors une place plus « parentale ».

Une hypersensibilité et hyperstimulabilité émotionnelle.

Une hyperémotivité.

Les émotions, positives et négatives, ont tendance a être ressenties plus intensément que la moyenne. Aussi, la personne a tendance à passer de l’une à l’autre, parfois brutalement.
Ainsi, les émotions dites « chaudes », comme la joie, la colère, la tristesse, l’angoisse, ou encore la culpabilité, peuvent être éprouvées tour à tour et de façon très intense.
Ces émotions intenses peuvent céder la place à des émotions dites « froides », avec un sentiment de vide, d’ennui et de morosité, également très intenses.

La personne hypersensible a souvent des difficultés dans la gestion de ses émotions.
La faible protection face aux émotions engendre un vécu immédiat d’agression.
Véritable éponge, la personne est sujette aux débordements émotionnels.
Ce débordement, telle une vague submergeante, peut conduire à de véritables « explosions » émotionnelles, qui déconcertent l’entourage.

Le vécu émotionnel est souvent vécu de manière extrêmement douloureuse, dramatique.
La dramatisation est le contraire de la banalisation.

Une hyperempathie.

La personne hypersensible peut faire preuve d’une empathie hors norme.
Elle a tendance à prendre en charge les autres de façon spontanée, jusqu’à parfois se placer dans un rôle de « sauveur » excessif.

La personne hyperempathique a souvent de fortes valeurs morales. En particulier, elle est très attachée au sens de la justice et de l’équité.
Elle est fréquemment intolérante à toute forme d’injustice, que ce soit pour elle-même ou pour les autres.
Elle présente également souvent des difficultés à supporter un cadre trop normatif ou restrictif, ou une autorité refusant de se remettre en question.
La personne est alors souvent perçue comme « agaçante », car capable de mettre autrui en difficulté.

L’hypersensibilité à l’injustice n’est pas sans rappeler la quête de légitimité.
En effet, la légitimité est définie par la « qualité de ce qui est équitable, fondé en justice » (Larousse).

Une appréhension précoce de la représentation de la mort. 

La personne est souvent préoccupée par la mort.
Peut s’exprimer une peur, parfois omniprésente, de la séparation, de l’abandon et/ou de la perte.

La préoccupation autour de la mort et de la perte est souvent majorée au moment des temps de repos et/ou de séparation.
Notamment le soir au coucher, pouvant entraîner une perturbation de l’endormissement ou du sommeil. Avec, parfois, une lutte contre la sensation de sommeil.

Des doutes de soi permanents. 

La personne est consciente et constamment confrontée aux limites de son intelligence.
Elle est ainsi toujours prête à se dévaloriser.

Certaines personnes demandent constamment à être rassurées.
Parfois, ce besoin de réassurance se traduit par une quête insatiable d’attention.

Aussi, la lutte contre le sentiment d’auto-dévalorisation se traduit par une recherche de perfection absolue.
Mais, par peur que ce qui soit entrepris ne puisse être parfait, la personne peut devenir incapable d’entreprendre quoi que ce soit.
L’infinie et impossible quête de perfection peut alors laisser la place à la procrastination.

Enfin, la critique peut être insupportable.
Soit parce qu’elle remet en question brutalement le sentiment de toute-puissance entretenu par les réussites faciles, soit parce que la personne met tout son cÅ“ur et son énergie dans ce qu’elle fait.
Les critiques entraînent souvent des ruminations incessantes, associées au sentiment de perdre toute légitimité.

Certaines personnes, souvent hypersensibles, expriment le sentiment d’être stupide et ridicule, voire d’être indésirable.
D’autres, souvent dotées de facilités, expriment la peur de ne pas « être à la hauteur ». C’est-à-dire, de se révéler, aux yeux des autres, incapable ou incompétent.

La peur de l’échec :

La confiance en soi des enfants ayant des facilités risque de se constituer sur l’unique modèle de la « réussite facile » impressionnant l’entourage et valorisée par celui-ci.

Ses facilités remarquables risquent alors d’engendrer une peur panique de l’échec ultérieure, si l’enfant n’est pas suffisamment encouragé à surmonter des difficultés.
En effet, le jour où les difficultés surviendront, ce qui ne manquera pas d’arriver tôt ou tard, la personne risque de se bloquer, si elle vit l’échec comme une humiliation.
La personne craint d’être déchue du piédestal de la réussite, d’où son entourage l’admirait.

L’enfant ou l’adulte risque, à la survenue de la moindre difficulté, de croire qu’il est « nul », c’est-à-dire qu’il n’a plus aucune valeur.
Par peur anticipée d’échouer, la personne risque alors de ne plus être en mesure de réussir.

En effet, donner le meilleur de soi-même implique un immense inconvénient. Celui de révéler ses propres limites.
Parfois, il parait moins risqué de croire en l’illusion de ses brillantes capacités. Plutôt que de prendre le risque, en donnant le meilleur de soi-même, de s’apercevoir que nous nous sommes peut-être trompés à leur sujet.

C’est ainsi que de trop grandes facilités de départ peuvent conduire à l’échec scolaire.

Un repli sur soi défensif.

Le sentiment de ne pas pouvoir interagir avec un monde perçu comme trop hostile, n’accueillant pas notre différence, représente un risque de repli « dans sa coquille ».

Nous pouvons retrouver une anesthésie affective.
La personne exprime alors une difficulté à identifier ses émotions et celles d’autrui. Elle explique utiliser le « canal » intellectuel pour tenter d’identifier les émotions chez l’autre.
Cela peut s’expliquer par un « faux-self » qui s’est construit en déniant les émotions ressenties. En effet, à force d’étouffer ses émotions, la personne devient incapable de les identifier.
Une anesthésie affective peut aussi être liée à un sentiment de vide qui ne parvient pas à être comblé et/ou à un effondrement dépressif.

Aussi, nous pouvons retrouver l’expression d’une apparente indifférence, y compris chez les personnes hyperempathiques.
Une personne avec un fonctionnement en arborescence peut parfois renvoyer de l’indifférence. Mais celle-ci n’est pas à interpréter comme un signe de réel désintérêt pour l’autre.
Cette indifférence paraît plutôt être une défense face à un sentiment de gêne éprouvée dans la relation, alors que celle-ci est souvent intensément désirée.
Elle semble être le résultat d’un refuge dans une « bulle » identifiée comme une « zone de sécurité ».

Une peur de souffrir : 

Le retrait, conduisant à l’isolement, chez une personne ayant un fonctionnement en arborescence fait penser à l’expression du « chat échaudé craint l’eau froide ».
Qui signifie qu’une expérience douloureuse engendre une grande méfiance. Et fait même craindre ce qui n’a que l’apparence d’un danger similaire.

Pour les personnes hypersensibles, un vécu de rejet risque d’entrainer la crainte que toute relation future l’y conduise.
Pour celles ayant des facilités incroyables, un vécu d’humiliation associé à l’échec risque d’engendrer la crainte de le revivre.

Notons que la peur du rejet ou la peur de l’humiliation sont des peurs en lien avec le regard de l’autre.

Un besoin de contrôle et de maîtrise.

Le besoin de contrôle parait être un moyen de protection rassurant face au sentiment d’insécurité interne engendré par le défaut du pare-excitation.

Il permet une certaine « auto-suffisance ».
En effet, si je contrôle « tout », « tout » ne dépend alors que de moi.
Ainsi, contrôler l’extérieur peut donner l’illusion de maîtriser la menace d’un chaos intérieur.

La maîtrise est définie par la recherche de « sûreté de l’exécution dans un domaine (technique, artistique, … etc.).
Mais c’est aussi le « fait de dominer techniquement, intellectuellement, scientifiquement ».
C’est encore la « supériorité, domination incontestée sur des adversaires » (petit Larousse).

Ainsi, la recherche de maîtrise s’exprime d’abord au travers du besoin de « tout » comprendre, de « tout » savoir ou de « tout » connaitre.

Elle s’exprime par le besoin constant de perfection (au travers d’un perfectionnisme forcené), ou bien parfois de suprématie (rechercher à réussir mieux et plus facilement que les autres).

Elle peut également se traduire par une résistance aux changements ou une intolérance aux imprévus, par l’installation de rituels +/-rigides, ou encore par un besoin impérieux que tout soit organisé ou ordonné, et donc par un besoin de stabilité.
En effet, nous maîtrisons ce que nous connaissons.

Enfin, elle peut se révéler au travers d’un besoin impérieux que rien ne soit perdu, abîmé ou détérioré, en rapport avec une angoisse de perte.
En particulier, la personne peut exprimer une angoisse de perdre du temps, associée à un besoin de rentabilité, d’optimisation ou de performance maximale dans tout ce qui est entrepris.
Se retrouve également fréquemment une difficulté à faire des choix. En effet, le fait de choisir une possibilité implique de renoncer à toutes les autres.

Conséquences pour les apprentissages : 

La quête de maîtrise engendre souvent un fort besoin de donner du sens à ses apprentissages et activités, de comprendre les raisons qui motivent l’action.

Autrement dit, l’enfant éprouve une grande nécessité de s’approprier l’activité et ses enjeux, de la manière la plus justifiée pour soi, pour être en mesure de s’y engager. Et lorsque c’est le cas, s’y lancer pleinement en mobilisant toute l’attention requise pour le faire.

Il faudra pouvoir respecter ce besoin de sens et de maîtrise, tout en y mettant une limite, car personne ne peut tout contrôler.
Sans limite, le besoin de maîtrise risque de virer à la psycho-rigidité.

Une intolérance à la frustration.

Aussi, la précocité a tendance à conserver l’enfant dans une relation de « toute-puissance » infantile vis-à-vis de son entourage.

La toute-puissance est un vécu d’omnipotence où nous ressentons un pouvoir de décision absolu, sans limites.

Au début de la vie, le nourrisson est dans un état de dépendance absolue, tout tourne autour de lui.
En effet , l’entourage doit pouvoir répondre de manière quasi instantanée à tous ses besoins.
Le nourrisson ressent alors un pouvoir, une puissance illimitée sur son entourage. Il a le sentiment que tout part de lui.

La croissance impose de faire progressivement le deuil de la toute-puissance infantile, au travers de la confrontation aux diverses frustrations, afin de permettre l’acquisition de l’autonomie.

Troubles du comportement : 

Si l’enfant ne vit jamais de frustration, il risque d’appréhender le monde comme si tout lui était dû, comme s’il avait le pouvoir de faire tout ce qu’il veut.

Or, tel un nourrisson qui ne sait attendre, l’enfant précoce éprouve une grande satisfaction face à cette maîtrise qui lui permet d’obtenir immédiatement ce qu’il exige.

L’enfant réussit de façon impressionnante, raisonne avec aisance et argumente avec vigueur.
Ainsi, il peut désemparer en même temps qu’il fascine et gratifie son entourage.

Cette situation nécessite, encore plus que pour les autres enfants, la pose de limites protectrices, fermes et bienveillantes.
En effet, si je parviens à mettre en difficulté ceux qui sont cessés me protéger, qui va donc me protéger dans la vie ?

Il faudra donc pouvoir éviter de céder à tout ce que veut et exige l’enfant, en levant systématiquement la moindre frustration.
Mais il faudra aussi éviter le rapport de force en cherchant à faire taire l’enfant qui fait une crise. En effet, nous risquons de voir apparaître une escalade de violence en miroir, chacun à tour de rôle, enfant comme adulte, cherchant à avoir le dessus sur l’autre.
Enfin, il faudra également éviter d’argumenter et de négocier jusqu’à ce que l’enfant soit d’accord avec ce qu’on lui demande. Car l’argumentation risque d’être sans limite.

Une hypersensibilité et hyperstimulabilité sensorielle.

L’hypersensibilité sensorielle.

La personne peut rapporter une hyperesthésie aux stimulis visuels, auditifs, olfactifs, gustatifs, et/ou au toucher.
Les stimuli sensoriels sont susceptibles d’engendrer un vécu d’agression, d’envahissement insupportable pour la personne.
Cet envahissement sensoriel peut conduire à une « saturation » et à des réactions vives, souvent incomprises de l’entourage.
Au niveau gustatif, certaines textures d’aliments n’étant plus supportées, un trouble de l’oralité peut s’installer avec une perte du goût et du plaisir de s’alimenter.

Parfois, la personne se plaint également de cenestopathies ou de psychalgies.
Il s’agit de perceptions douloureuses ou de sensations de gêne, possiblement localisées à un organe, sans explication pathologique objectivable.
Elles peuvent aboutir au déclenchement d’une fibromyalgie, une endométriose, un syndrome du colon irritable, …etc.

L’hypersensibilité peut aussi se traduire par une sensibilité particulière aux effets secondaires des médicaments, et notamment aux anti-dépresseurs.

L’hyperstimulabilité corporelle.

La personne peut décrire ou révéler par son comportement une hyperstimulabilité corporelle, avec la recherche de stimuli sensoriels.
La recherche de sensations corporelles +/-intenses peut s’exprimer au travers d’une recherche active de contact, d’une hyperactivité motrice, d’une pratique sportive intense jusqu’à l’épuisement, d’un trouble du comportement alimentaires (anorexie ou boulimie), d’une addiction avec consommation d’une substance psycho-active (alcoolisme, cannabis, …) …etc.

La restriction volontaire de l’anorexie mentale et l’ingestion massive d’aliments de l’accès boulimique viennent toutes deux tester les limites du corps.
L’une dans la restriction et la maîtrise. L’autre dans le remplissage et l’impulsivité.

L’hyperstimulabilité corporelle parait être le corollaire au niveau moteur de l’hyperstimulation cérébrale.
Aussi, dévier l’activité sur le corps peut inconsciemment permettre de canaliser une activité cérébrale envahissante.

L’activité psycho-motrice débordante, elle aussi, épuise l’entourage.
Du fait de ce débordement d’énergie, l’enfant en particulier, mais aussi l’adulte, est ici aussi souvent perçu comme « usant ».

Défaut d’intégration du schéma corporel.

Nous pouvons retrouver des difficultés d’intégration du schéma corporel plus ou moins importantes et invalidantes.

La personne peut se sentir mal à l’aise dans son corps.
Elle peut exprimer la sensation de ne pas bien habiter son corps ou d’être comme perdue dedans.
Ou bien percevoir son corps comme un (corps) étranger, comme s’il était dissocié, c’est-à-dire « déconnecté » de son esprit.

Aussi, peut être retrouvée une maladresse motrice et/ou une brusquerie, la conscience du corps dans l’espace étant perturbée.

Parfois, la personne ne ressent pas son corps.
Par exemple, elle ne ressent pas la douleur ou les besoins primaires, comme le besoin de manger, de boire, d’uriner ou d’aller à la selle.
Lorsqu’elle ressent le stimulus sensoriel, les limites corporelles peuvent se trouver déjà dépassées.
Des accidents de propreté peuvent ainsi arriver, jusqu’à l’énurésie +/- l’encoprésie.

Nous pouvons parfois avoir l’impression que le surinvestissement cognitif se fait au détriment du corps, que celui-ci contribue à un « laissé tomber » du corps.
Ou bien que ce serait un manque d’investissement corporel qui favoriserait un surinvestissement intellectuel.

Troubles de la posture et du tonus musculaire.

Le bilan psychomoteur peut également retrouver une hypertonie musculaire (contraction permanente du tonus musculaire), parfois majeure.
L’hypertonie semble être une carapace protectrice face à des stimuli perçus comme des agressions.
Elle pourrait aussi correspondre au niveau du corps au masque défensif du « faux-self ».

 

Vers un « Quotient Intellectuel » plus élevé ?

Rappelons que l’intelligence est globale et que le test de QI n’en explore qu’une partie à un instant donné.

Un fonctionnement en arborescence entraînant une « soif » d’apprendre, une curiosité insatiable, parfois une passion pour la lecture, parfois des facilités étonnantes, est évidemment propice à développer un raisonnement et des connaissances susceptibles de faire « grimper » les résultats au test de QI.

A l’inverse, d’autres paramètres, comme l’inhibition anxieuse liée à une peur de l’échec et/ou le décrochage de l’attention peuvent perturber les mesures.

Aussi, le niveau des études faites conditionne également le résultat d’un test de QI.

Un « QI » élevé pourrait donc être une des conséquences possibles du fonctionnement en arborescence, expliquant le choix de l’appellation « haut potentiel ».
Mais cette conséquence ne serait en fait pas toujours présente.

Rappelons donc que le fonctionnement en arborescence n’implique pas obligatoirement un résultat au test de QI au-delà de la norme.

 

Vers le Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA-H) et le syndrome dysexécutif ?

L’instabilité psychique et motrice du TDA-H pourrait être également un prolongement possible du fonctionnement en arborescence.

Le fonctionnement en arborescence pourrait également engendrer un syndrome dysexécutif.
Les fonctions exécutives comprennent la flexibilité mentale, les capacités d’inhibition et les stratégies de planification et d’organisation.

Instabilité psychique : décrochage de l’attention.

Le besoin d’être constamment nourri, stimulé, peut être à l’origine de « décrochages » de l’attention quand la personne se trouve insuffisamment stimulée.
Probablement est elle déjà partie « ailleurs ».

L’attention peut, de manière incontrôlée, vagabonder d’idée en idée, reliées par des liens infimes, et ainsi s’écarter du sujet initial.
La personne a alors tendance à partir « hors sujet », dépassant le cadre de la consigne, ou bien à passer « du coq-à-l’âne ».
En effet, il peut être compliqué d’être à la fois « sur la ligne » (flèche horizontale sur le dessin qui représente le fonctionnement dit linéaire) et « dans l’arbre » (fonctionnement en arborescence).

La personne ne parvient pas à conserver une attitude donnée, à poursuivre son action, à fixer son attention et à soutenir un rythme régulier d’activité.
Ainsi, elle peut se plaindre d’incapacité de concentration, de distractibilité, d’oublis ou « trous de mémoire » fréquents, de difficulté à mener des tâches.

Ce décrochage de l’attention peut donner l’impression à l’interlocuteur que la personne n’est pas investie, ne fait pas d’effort, ou bien est « dans sa bulle », « à l’ouest », « lunaire », « n’a pas les pieds sur Terre ».

Lenteur et fatigabilité.

Le fonctionnement en arborescence pourrait parfois altérer la flexibilité mentale.
C’est-à-dire la capacité de changer rapidement de point d’attention et de passer facilement d’une tâche ou d’un sujet à un autre.

La présence de « détours » multiples de la pensée liés au fonctionnement en arborescence, lorsque la personne tente de les contrôler, peut être à l’origine d’une lenteur et d’une fatigabilité.

La personne rapporte alors souvent devoir fournir un effort, qui peut être très intense, voire douloureux, pour maintenir sa concentration sur la tâche demandée ou le sujet en cours.

C’est un peu comme si nous comparions en voiture un trajet Lille – Paris en passant par l’A1, c’est-à-dire le trajet direct (200km), à un trajet qui part explorer toutes les petites routes de campagne de la région Haut-de-France car ces petites routes semblent plus intéressantes les unes des autres (avec, par exemple, au total plus de 2000km parcourus).
Le premier sera le plus rapide et le plus économique. Le second sera plus lent et coûteux en énergie.

Instabilité motrice : hyperactivité.

L’agitation ou l’incapacité de tenir en place semblent révéler une hyperstimulabilité corporelle.
L’hyperactivité motrice semble traduire, elle aussi, un besoin incessant d’être nourri, stimulé.

Cette hyperstimulabilité corporelle parait être un prolongement au niveau moteur de l’hyperstimulabilité cognitive.
D’ailleurs, il est parfois exprimé que la personne « va aussi vite dans son corps que dans sa tête ».

L’impulsivité.

L’impulsivité est défini par le besoin impérieux d’accomplir un acte. 

Le fonctionnement en arborescence pourrait parfois altérer les capacités d’inhibition motrices ou cognitives.
Les capacités d’inhibition permettent de freiner, filtrer, contrôler certains automatismes pour faire place à des comportements plus pertinents.
Elles permettent un fonctionnement mental réfléchi, intentionnel et contrôlé en inhibant une réponse première, instinctive, automatisée.

Des difficultés de planification et d’organisation.

Le fonctionnement en arborescence pourrait aussi parfois altérer les stratégies de planification et d’organisation.
C’est-à-dire la capacité à prévoir, organiser, trier les stratégies d’actions efficaces pour atteindre un but.

La personne, ou son entourage, peut avoir le sentiment qu’elle « en met partout ».
Le désordre dans sa vie semble être un reflet du « désordre dans sa tête ».

Aussi, le démarrage d’une activité peut être très lent, voire impossible, seul.
La personne a alors besoin d’un étayage, d’un support sur lequel s’appuyer.

 

Vers les troubles du développement psychomoteur, du langage, des apprentissages et des difficultés de compréhension ?

Troubles du développement psycho-moteur. 

Troubles de la psychomotricité fine : 

La personne peut rencontrer des difficultés pour l’écriture.
Avec une écriture en pattes de mouche, qui s’envole au delà des lignes, …etc. rendant l’écriture illisible.
Parfois est exprimé l’impression que « le cerveau va plus vite que la main ».

Ces difficultés peuvent aller jusqu’à la dysgraphie, avec une lenteur du geste graphique et des douleurs digitales.

Troubles de la psychomotricité globale : 

Parfois, s’installe une dyspraxie, qui est une perturbation majeure du schéma corporel et de la représentation spatiale, en l’absence d’atteinte neurologique objective.
Elle s’accompagne d’un échec d’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et du calcul, ainsi que de troubles affectifs de gravité variable.

Troubles du langage. 

Troubles du langage oral :

La personne peut souffrir de dysphasie qui un trouble de la structure du langage.
Par exemple, des mots qui se retrouvent comme « agglutinés », perdus, des phrases qui ont du mal à être terminées, un débit trop rapide…etc. pouvant rendre le langage inintelligible.
Ici aussi est parfois évoqué l’impression que le cognitif « va plus vite » que ne le permettent les capacités motrices.

Ces troubles sont souvent de nature praxique. Ils sont liés à des difficultés de coordinations motrice et vont souvent de pair avec des troubles du développement psycho-moteur.

Troubles du langage écrit ou troubles spécifiques des apprentissages :

La personne peut rencontrer des difficultés dans l’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et des mathématiques.
– Avec une lecture de mots inexacte, lente ou laborieuse. Et/ou des difficultés à comprendre la signification de ce qui est lu.
– Des difficultés d’orthographe ou à épeler. Et/ou des difficultés dans l’expression écrite (erreurs grammaticales multiples, problème de ponctuation, défaut d’organisation des paragraphes, manque de clarté de l’expression des idées).
– Des difficultés à maîtriser le sens des nombres, les faits numériques, ou le calcul. Et/ou des difficultés dans le raisonnement mathématique (appliquer des concepts ou des faits dans la résolution de problèmes).

Ces difficultés peuvent aller jusqu’à une dyslexie, une dysorthographie, et/ou une dyscalculie.

Une compréhension différente ?

Parfois, des personnes évoquent ne pas comprendre des mots, des phrases.

En fait, parfois, tout se passe comme si elles n’avaient pas le même « décodeur » pour percevoir et comprendre le monde.
En effet, elles peuvent exprimer le besoin de passer par un « décodeur » sensoriel et émotionnel, avant de pouvoir accéder à celui de l’intellectualisation.
C’est-à-dire qu’elles ont besoin de ressentir les choses de manière concrète au préalable, grâce une visualisation sensorielle (la vue, l’ouïe, la kinesthésie, … etc.) et à une connexion émotionnelle (empathie).
Ainsi, l’abstrait pur et direct ne leur « parle » pas, ne raisonne pas en elles.
Dans ce contexte, l’apprentissage, en particulier des mathématiques trop abstraites, peut être très compliqué.

Il s’agit d’un mode intuitif de compréhension, qui a comme besoin de passer par une « antenne » de communication : celle de la sensibilité sensorielle et émotionnelle.
Le passage par le ressenti parait obligatoire pour que la personne puisse accéder à la compréhension intellectuelle et analytique.

Le mode « analytique » :

Le mode analytique est conscient.
Il est la partie la plus récente de notre cerveau, appelé « néocortex ».
Il est le besoin de tout comprendre intellectuellement pour pouvoir ressentir le monde qui nous entoure.

Le conscient est logique, analytique et spécifique.
Il aime comprendre et le faire savoir. Il aime tout décortiquer, tout analyser.
Ainsi, le mode analytique est en difficulté quand on lui demande de synthétiser.

Le conscient analytique est celui qui, apparemment, pense, réfléchit, décide et agit de façon délibérée et volontaire.
Son rôle est d’analyser les situations afin de fixer des objectifs et de donner des ordres adéquat.

Le mode « intuitif » :

A l’inverse, le mode intuitif est inconscient.
Il le besoin de tout ressentir sensoriellement et émotionnellement pour pouvoir accéder à une compréhension intellectuelle du monde.

L’inconscient ne passe pas par le raisonnement mais par des canaux sensoriels et émotionnels.
Il ne comprend pas, il sent.
Là où le conscient aura besoin de deux pages d’explications de texte pour comprendre, il suffira d’une image, d’un son, d’une sensation pour percevoir la situation entière et trouver instantanément la réaction ou réponse adaptée.
Ainsi, le mode intuitif est en difficulté quand on lui demande de tout détailler.

L’inconscient intuitif est autonome dans bien des cas, c’est-à-dire qu’il n’aime pas être contrôlé.
Son rôle est d’agir en obéissant ou non, aux ordres bons ou mauvais, en provenance du conscient.
Il n’est jamais aussi bon que quand nous le laissons faire (« lâcher-prise »).

 

Le syndrome d’épuisement : « burn-out » et « bore-out ».

Atteinte des limites et situation du « burn-out ».

Le burn-out est un état d’épuisement des capacités d’adaptation émotionnelle.

Nous pouvons retrouver une tendance du fonctionnement en arborescence à aller rechercher l’atteinte des limites psychiques (intellectuelles et/ou émotionnelles) et/ou physiques (corporelles ou sensorielles), et donc un éventuel risque de « burn-out » ou syndrome d’épuisement.
Ce « burn-out » peut engendrer une décompensation psychiatrique.

C’est comme si, à force de tourner à plein régime, le cerveau finissait par « bugger », un peu comme le principe de la sur-tension et du court-circuit.

Si nous prenons l’exemple d’une voiture, peut importe que le moteur aille jusque 180 ou 250km/h (limites du moteur), puisque nous sommes censés rouler au maximum à 130 km/h (limitation de vitesse).
Si nous roulons toujours au maximum de la capacité du moteur, nous risquons de l’endommager gravement.

Or, du fait du fonctionnement en arborescence « en mode toujours plus », les limites de ce fonctionnement peuvent se retrouver dépassées.

Aussi, une sur-adaptation excessive à des exigences d’un environnement intolérant à la différence, peut conduire à une situation de burn-out.

Le « bore-out » ou syndrome d’épuisement par l’ennui.

A noter qu’une personne avec un fonctionnement en arborescence, en général, ne se plaint pas d’ennui.
En effet, si elle s’ennuie, la personne va spontanément rechercher à s’auto-stimuler, par exemple en partant dans ses propres pensées.
Elle pourrait aussi partir à la recherche de sensations corporelles, par exemple au travers d’une agitation psycho-motrice.
Ou encore bavarder en classe, amuser ses camarades, être « l’élément perturbateur », …etc. tout ce qui pourrait être stimulant pour elle.

Cependant, si un cadre trop rigide empêche la personne de se nourrir suffisamment, celle-ci risque de souffrir, parfois cruellement, d’ennui.
Cette souffrance de l’ennui peut aller jusqu’au « bore-out ».

 

L’arborescence : une défense face à une menace d’effondrement mélancolique ?

Nous retrouverons ici un lien possible avec le trouble bipolaire et la personnalité état-limite (ou borderline).

En effet, la menace d’une dépression existentielle, frôlant la mélancolie, secondaire à une défaillance narcissique et identitaire sévère, est reconnue comme étant au centre de la psychopathologie du trouble limite (Jean Bergeret « La dépression et les états-limites »).

D’ailleurs, le défaut du pare-excitation, le vide intérieur, l’impulsivité, la recherche de limites, la labilité de l’humeur, les explosions émotionnelles, les troubles du comportement addictifs, rappellent, entre autres, la description clinique du trouble borderline.

Un rappel de la théorie freudienne au sujet de la mélancolie.

L’appréhension de la mort et l’auto-dévalorisation rappellent l’angoisse de mort et la condamnation du Moi décrites dans la mélancolie.

L’angoisse de perte. 

Dans « Deuil et mélancolie », selon Freud, la douleur mélancolique est douleur de la perte.
Perte d’objet, soustraite à la conscience. A la différence du deuil, où ce qui concerne la perte est conscient.
Ainsi, le mélancolique ne sait pas ce qu’il a perdu.

Le constat d’un Moi mélancolique prodigieusement appauvri, consumé, fait dire à Freud que « L’ombre de l’objet est retombée sur le Moi ».
Une partie du Moi, séparée par clivage, l’instance morale (identifiée ensuite comme « le Surmoi »), critique et s’acharne sur l’autre partie (identifiée ensuite comme « le Moi ») vers laquelle aurait basculé l’objet aimé et perdu, partie ainsi identifiée à ce Moi en désamour.

L’angoisse de mort. 

Dans « Le Moi et le ça », Freud aborde la mélancolie à propos des relations entre le Surmoi et la pulsion de mort.
« Le Surmoi du mélancolique fait régner dans le Moi la pure culture de la pulsion de mort, mort vers laquelle il finit généralement par l’entraîner ».

Avec la pulsion de mort, Freud introduit l’angoisse de mort.
Angoisse qui, selon lui, s’explique chez le mélancolique par le fait que le Moi s’abandonne lui-même car il se sent haï et persécuté par le Surmoi, un Surmoi qui fait rage contre le Moi avec une violence sans ménagement, au lieu d’en être aimé.

Enfin, dans « Métapsychologie », Freud identifie cette part du Moi si cruelle envers son alter, faisant rage contre elle, cette « conscience morale » si critique, comme étant l’Idéal du moi, héritier du narcissisme originel, auquel le mélancolique a succombé.
« La misère du mélancolique est l’expression d’une scission tranchée entre les deux instances du Moi, dans laquelle l’Idéal du moi excessivement susceptible met au jour, dans le délire de petitesse et dans l’auto-rabaissement, sans ménagement sa condamnation du Moi. »

La mélancolie : une dépression existentielle.

Nous pourrions rattacher l’angoisse de mort à un sentiment d’existence défaillant.

La perte insaisissable du mélancolique pourrait être le sentiment d’existence en lui-même.
Le problème ne serait pas qu’il soit perdu, mais plutôt qu’il n’ait jamais été trouvé.
Le sujet n’aurait jamais pu trouver ce miroir lui renvoyant une suffisante légitimité à être, à exister.
Son besoin de reconnaissance demeurerait éternellement insatisfait.

En effet, le vide mélancolique c’est le « rien », le « néant ».
Il représente une menace d’une disparition totale, d’une destruction complète. Il s’agit donc d’une menace d’anéantissement.
Ainsi, le sentiment de vide s’apparente à un état de non-existence.

Le sentiment de non-existence.

Les idées d’immortalité, avec la conviction de ne pas pouvoir mourir, retrouvées dans certaines formes de mélancolie, évoque ce sentiment de non-existence.
Si la personne ne peut pas mourir, c’est parce que, selon elle, elle n’existe pas.
Il faut effectivement pouvoir au préalable exister pour pouvoir ensuite mourir.

Ce sentiment de non-existence peut aussi s’exprimer au travers d’idées de négation de soi, du corps ou du monde.
Avec l’expression d’idées de culpabilité et/ou d’indignité, parfois à l’origine d’idées de damnation ou d’auto-destruction.
Les idées d’auto-destruction peuvent se manifester psychiquement et/ou corporellement, avec l’impression que l’organisme se détruit ou se putréfie.

Aussi, peut être verbalisé le sentiment d’être un « mort-vivant » ou un « vivant-mort ».

L’arborescence : une lutte existentielle ?

Nous pouvons faire l’hypothèse que le fonctionnement en arborescence tenterait de combler le vide existentiel mélancolique.
Dans cette hypothèse, l’hyperstimulabilité serait une forme de remplissage du vide.

Ainsi, l’arborescence pourrait correspondre à une lutte contre le sentiment de non-existence liée à une pulsion de vie, ou instinct de survie.
L’objectif serait de trouver en vain un semblant de sentiment d’existence.
Mais la menace du néant serait toujours présente…

Lorsque le vide prend le dessus, c’est l’effondrement.
Le contact avec le réel est parfois perdu. Cette perte du contact avec la réalité peut aller jusqu’à un état de stupeur aigue, où la personne n’est comme plus là.
Cet effondrement est un état de souffrance aiguë qui ne peut pas tenir dans la durée.
L’instinct de survie pourrait alors remettre en place des stratégies, comme celle de relancer l’arborescence.

La menace du néant.

L’image correspondant à la mélancolie est celle du trou noir (PC. Racamier « Le génie des origines »).
Un trou noir est une région de l’espace qui possède un champ gravitationnel si intense que toute matière qui y pénètre ne peut plus en ressortir, y compris la lumière.
C’est pourquoi les trous noirs sont des objets optiquement invisibles.

Nous pourrions aussi donner celle des abysses.
Le mot « abysse » a pour origine le terme grec abyssos qui signifie « sans fond ». Car longtemps les humains ont considéré l’océan comme un gouffre insondable.
Les abysses sont les zones profondes de l’océan où la lumière ne pénètre jamais.

L’enfant ou l’adulte dit « précoce » ou à « haut potentiel » a tendance à poser de multiples questions existentielles.
Autrement dit, des questions où il n’y a pas de réponse. Là, donc, où il y a des « zones d’ombre » ou des « trous » dans notre savoir et nos connaissances.
Aussi, les questions sont posées de manière illimité, infinie, ou sans fin.

L’hyperstimulabilité : un rappel de la théorie freudienne au sujet de la manie.

Dans « Deuil et mélancolie », Freud évoque que dans la manie, le Moi aurait surmonté la perte de l’objet.
Le montant de contre-investissement que la souffrance douloureuse de la mélancolie avait tiré à elle, ainsi redevenu disponible, serait alors à l’origine de l’élation et de la libération maniaque.

Puis, dans « Métapsychologie », Freud écrit que là où le mélancolique a succombé, le maniaque est quant à lui venu à bout de l’Idéal du moi, en levant triomphalement ses exigences.
Il suppose que l’Idéal du moi serait dissous temporairement dans le Moi, après avoir régné préalablement avec une certaine rigueur.
« Chez le maniaque, Moi et Idéal du moi ont conflué, si bien que la personne dont l’humeur de triomphe et d’auto-félicité n’est perturbée par aucune autocritique peut se réjouir de la disparition des inhibitions, des égards, et des auto-reproches. »

Le syndrome maniaque : un emballement de l’arborescence ?

L’excitation maniaque peut être vue comme une dernière tentative de lutte contre l’effondrement.

Nous pourrions rattacher l’excitation maniaque au fonctionnement en arborescence qui s’emballerait et qui viendrait dépasser les limites du sujet.
D’où le sentiment de toute-puissance caractéristique de l’état maniaque.

L’état de toute-puissance donne au sujet le sentiment d’exister.
A l’extrême, la toute-puissance s’exprime au travers d’idées mégalomaniaques, érotomaniaques, voire messianiques.
Le sentiment d’existence est alors à son apogée… avant de retomber.

Cet état de toute-puissance, véritable consommateur d’énergie, pouvant aller jusqu’au syndrome délirant, ne peut durer et ne dure pas.
Classiquement, il est suivi d’un état d’effondrement mélancolique.

 

Vers des traits autistiques ?

L’autisme infantile précoce.

Une relation au monde particulière et une clinique précise définissent l’autisme.

Le mot autisme vient du mot « auto », pour désigner « soi-même ».
En effet, dans l’autisme, l’autre ne semble pas exister en tant qu’être humain. C’est-à-dire qu’il n’est pas reconnu comme une personne vivante et animée.

Ce qui caractérise l’autisme, c’est une absence ou une pauvreté de l’interaction avec l’autre qui désole tant l’entourage.
En effet, l’autisme se traduit essentiellement par le fait que la personne semble indifférente à son entourage et l’ignore.
La personne semble +/-totalement désintéressée d’établir un contact affectif avec l’autre.

Si une certaine attention à autrui est portée, tout ce passe comme si la personne investie ne l’était pas dans sa totalité, mais seulement de manière partielle. Comme si elle n’était qu’un objet inanimé.

Les Troubles du Spectre Autistique (TSA).

La classification du Trouble du Spectre Autistique (TSA) du DSM-5 (Manuel Diagnostique et Statistique des Maladies Mentales) a voulu regrouper dans un continuum les diagnostics définis dans la catégorie des Troubles Envahissants du Développement (TED) du DSM-4 et de la CIM-10 (Classification Internationale des Maladies) et qui concernaient :
l’autisme infantile, l’autisme atypique, les troubles désintégratifs de l’enfance, le syndrome d’Asperger et les troubles envahissants du développement non spécifiés.

En effet, il a été considéré qu’il y avait un continuum entre ces diagnostics et qu’il pouvait être difficile de les différencier.
Le terme TSA a alors remplacé celui de TED.

Les Troubles du Spectre Autistique regroupent les diagnostics définis par une perturbation +/- grave, absolue, essentielle de la relation à l’autre, lorsque celle-ci est caractéristique de l’autisme.

La relation autistique est marquée par une absence ou une pauvreté de l’utilisation du comportement et de la parole dans un but de communication avec autrui.

Le syndrome d’Asperger.

Le syndrome d’Asperger fait partie des Troubles du Spectre de l’Autisme.

Autrement dit, une personne atteinte d’un syndrome d’Asperger présenterait les mêmes caractéristiques du trouble de la relation à l’autre que celles décrites pour l’autisme.

De plus, elle serait dotée d’un potentiel cognitif développé, avec notamment une mémoire incroyable susceptible d’impressionner autrui.

Cependant, si nous retrouvons la présence d’un engouement passionnel pour lequel le sujet ferait preuve d’une extrême connaissance, celui-ci resterait en secteur.
C’est-à-dire que cet engouement passionnel ne permettrait absolument pas une adaptation sociale de la personne, car non adressé à un autre.

L’exemple est la scène du film « Rain Man » où Raymond dénombre exactement les 246 cure-dents tombés au sol, mais se trouve incapable de rendre correctement la monnaie.

Démarche diagnostique.

En psychiatrie, comme en médecine somatique ou organique, nous recherchons à regrouper des symptômes en syndrome ou maladie.

Mais la psychiatrie a de particulier qu’elle ne se limite pas à une pure classification de symptômes.
Le DSM (Manuel Diagnostique et Statistique des Maladies Mentales) est avant tout un outil à visée épidémiologique et de recherche.
La pose d’un diagnostic ne peut se limiter à cocher des cases, à remplir des questionnaires, ou à quantifier des symptômes.

Ainsi, une deuxième « grille » de lecture est présente et fondamentale pour pouvoir poser correctement un diagnostic.
Celle-ci consiste à étudier la relation à l’autre, la relation au corps, ainsi que le vécu psychique de la personne.

Confusions diagnostiques.

La notion de continuum reflétée par le terme « TSA » a tendance à y faire entrer toute situation où nous retrouverions un certain nombre de symptômes ayant des points communs avec ceux retrouvés dans l’autisme.

Nous pouvons retrouver dans le fonctionnement en arborescence des symptômes qui rappellent ceux de l’autisme.
Cependant, il parait plus juste de parler de « traits autistiques » que de « trouble du spectre autistique » car la séméiologie (études des signes d’une maladie) n’est pas la même.

Les traits autistiques de l’arborescence.

Troubles des interactions sociales :

En particulier, le fonctionnement en arborescence peut évoluer vers un trouble de l’interaction sociale, où la personne se replie dans sa bulle et dans son monde.

Mais, ce trouble de l’interaction a la particularité d’être accompagné d’un vécu douloureux de décalage et d’un sentiment d’incompréhension bilatéral.
La personne ne se sent pas comprise et se plaint de ne pas non plus comprendre les autres.

Ainsi, si la personne se replie par moments « dans sa bulle », même si elle peut ne pas le percevoir consciemment au départ, elle souffre de ne pas se sentir en adéquation avec le monde.

Tout se passe comme si ce repli sur soi-même était une défense, une protection, un ultime refuge, à défaut de ne pas pouvoir communiquer avec un monde perçu parfois comme trop hostile car trop différent.

Finalement, ici, ce qui diffère fondamentalement de la relation autistique, c’est que l’autre est reconnu et existe.

La personne recherche même souvent son regard au travers d’une quête identitaire, de reconnaissance, de légitimité, d’appartenance et/ou d’intégration.

Des intérêts spécifiques et restreints :

Les intérêts et activités de l’arborescence peuvent apparaître spécifiques et restreints mais, contrairement à ce qui se passe dans l’autisme, ceux-ci ne sont pas stéréotypés.
Une stéréotypie est une « répétition d’une attitude, d’un geste, d’un acte ou d’une parole, sans but intelligible » (Larousse).
Les comportements et intérêts autistiques sont stéréotypés. C’est-à-dire que eux sont toujours les mêmes. Ils sont répétitifs et se déroulent de manière strictement identique, ritualisée.

Aussi, le fonctionnement en arborescence peut intégrer le détail dans un tout, contrairement au fonctionnement autistique qui ne le peut pas.
Dans l’autisme, seuls les objets partiels existent, l’objet dans sa totalité ne peut pas exister (lié au morcellement).
Les intérêts spécifiques et intenses de l’arborescence, accompagnés d’un haut souci du détail, semblent liés avant tout à une grande curiosité, au perfectionnisme, au désir de « tout » comprendre.

Enfin, l’hyperstimulabilité de l’arborescence peut parfois rappeler l’auto-stimulation autistique.
Cependant, cette hyperstimulabilité semble, non seulement être alimentée par la curiosité et la recherche de contrôle, mais aussi être intensifiée par le sentiment de solitude lié au vécu de décalage.
C’est comme si la relation à soi-même se substituait à la relation d’échanges à l’autre qui fait défaut.

Les « Aspies ».

Une confusion entre « trouble du spectre autistique » et « traits autistiques » pourrait se retrouver dans la dénomination « Aspie » revendiquée aujourd’hui.

En effet, les personnes utilisent le terme de « syndrome d’Asperger » pour dire « autiste pas comme les autres (autistes) ». Car ces « autistes-là » seraient dans la relation.
Comme le traduit, par exemple, leur demande intense de reconnaissance et d’intégration.

Or, le fait de rechercher la relation à l’autre, l’acceptation par celui-ci ou l’intégration au groupe social ne correspond pas à la définition première de la relation autistique.

Aussi, « être Aspie » ne serait plus considéré comme une pathologie ou un trouble source de souffrance, mais comme une manière différente d’être au monde.

Finalement, est-ce que le terme « Aspie » ne viendrait pas compléter ce que le terme « Haut Potentiel » réservé au QI plus élevé ne peut définir ou expliquer ?

 

L’altération de la « théorie de l’esprit ».

Le défaut en théorie de l’esprit n’est pas non plus spécifiques des troubles du spectre autistique.

Le concept de la théorie de l’esprit.

La théorie de l’esprit est définie comme la capacité à inférer des états mentaux à autrui.
Elle est décrite comme l’aptitude à prédire, anticiper, expliquer ou interpréter le comportement de nos pairs dans une situation donnée, en leur attribuant des croyances, des souhaits ou des intentions.

La théorie de l’esprit permet de décoder le monde social en mobilisant la perception de soi et des autres, ainsi qu’en utilisant des connaissances sur les règles régissant les interactions interpersonnelles.
Nous la croyons indispensable à la régulation des conduites et au bon déroulement des interactions sociales.

La théorie de l’esprit permet de comprendre que l’autre a des pensées, des intentions ou des croyances distinctes des siennes.
Elle suppose un circuit relationnel impliquant une reconnaissance cognitive et/ou émotionnelle de soi-même et d’autrui actualisée dans l’échange.

La théorie de l’esprit cognitive est la représentation des pensées d’autrui.
Et la théorie de l’esprit affective est la représentation des émotions d’autrui.

La théorie de l’esprit de premier ordre regroupe les représentations que nous avons de l’état mental d’une personne en adoptant sa perspective.
Et la théorie de l’esprit de second ordre regroupe les représentations qu’une personne a sur les représentations mentales d’une autre personne.

Les difficultés rencontrées en cas d’altération de la théorie de l’esprit.

Une personne avec un déficit en théorie de l’esprit ne reconnaitrait pas et ne comprendrait pas les indices révélateurs des pensées de l’autre à un niveau attendu pour son âge.
Elle serait incapable de reconnaître des signaux subtils des états émotionnels ou de « lire » des états d’âme complexes.
Elle ne distinguerait pas les indices subtils du discours de son interlocuteur et tend à adopter une interprétation littérale de celui-ci.

Ou bien, dans le cas où la personne ferait preuve d’aptitudes de théorie de l’esprit dites « assez avancées », elle prendrait plus de temps pour traiter les indices sociaux importants et pour répondre de manière adaptée et spontanée.
Ce qui peut engendrer un degré d’effort intellectuel pour parvenir au traitement des codes sociaux, et mener à un épuisement moral et intellectuel.
Il nous semble ici retrouver le fonctionnement du « faux-self ».

L’altération de la théorie de l’esprit peut aussi être source d’anxiété pour la personne. En particulier si celle-ci a besoin de maîtrise.
Ne pas être sûr de ce que l’autre pense ou dit, ne pas savoir identifier les pensées ou ressentis d’autrui peut engendrer un sentiment général d’incertitude, voire être source d’angoisse importante.

Aussi, l’altération de la théorie de l’esprit peut être à l’origine d’éléments de persécution, liés aux difficultés que rencontre la personne pour décoder les pensées et émotions d’autrui.
La personne peut mal interpréter le comportement des autres, leurs mimiques et leurs intonations, jusqu’à, parfois, avoir des réactions paranoïaques.

Enfin, face à ces difficultés relationnelles, la personne peut subir un harcèlement psychique et/ou physique.

La manipulation.

Notons que nous sommes ici à l’opposé du défaut d’empathie des personnes manipulatrices, voire anti-sociales, qui, à l’inverse, exploitent l’autre dans les relations interpersonnelles pour parvenir à leurs propres fins.

Le manipulateur manque d’empathie mais décode parfaitement bien les états mentaux de l’autre, et cela afin de servir ses propres intérêts.

Ainsi, le manipulateur serait en comparaison, lui, « un champion » de la théorie de l’esprit, malgré un manque possiblement total d’empathie.

Le concept de « mentalisation » selon les théories de l’attachement.

Le concept de théorie de l’esprit n’est pas nouveau.
En effet, nous retrouvons dans la littérature les termes « mentalizing » (mentalisation), « mindreading » (lecture d’états mentaux), « perspective-taking » (prise de perspective), « empathy » (empathie) ou encore « social understanding » (compréhension sociale).

La mentalisation est définie comme la capacité à percevoir, comprendre et interpréter son propre comportement et celui de l’autre en l’imaginant comme conjoint à des états mentaux intentionnels.
La mentalisation permettrait de se faire une idée réaliste des raisons qui nous poussent à agir, à penser et à ressentir comme nous le faisons.
Le concept de mentalisation intègre cognitions et émotions. Elle est la capacité de penser les émotions et de ressentir les pensées.

Concept de fonction réflexive.

La « fonction réflexive » ou « conscience réflexive » est le reflet dans le discours des capacités de mentalisation de l’individu.
Elle renvoie à la capacité qui nous permet d’avoir accès avec souplesse et cohérence à nos propres émotions et pensées, en lien avec nos expériences d’attachement pendant l’enfance.

La fonction réflexive de toute personne adulte en relation avec un enfant est la capacité de cette personne à réfléchir à sa propre expérience interne, ainsi qu’à celle de l’enfant.
Elle permet à l’adulte d’inférer correctement les états mentaux qui gouvernent les comportements de l’enfant.

L’adulte doit pouvoir faire un retour sur son propre vécu émotionnel pour pouvoir interpréter celui de l’enfant.
Car il ne peut contenir l’affect de l’enfant seulement s’il peut l’imaginer pour lui-même.
Et il ne peut communiquer une réalité à l’enfant seulement s’il en a lui-même une représentation.

Cela implique aussi que l’adulte soit capable de voir les choses du point de vue de l’enfant.
Pour cela, il doit être capable de voir l’enfant comme étant une personne séparée et de le traiter comme un sujet ayant une vie mentale autonome. C’est-à-dire ayant des sentiments, des désirs et des intentions qui lui sont propres.

Impact de la conscience réflexive des adultes sur le développement de la conscience réflexive de l’enfant.

La conscience réflexive d’une personne en relation avec un enfant renvoie donc à sa capacité à donner du sens aux états internes, émotions, pensées et intentions de l’enfant, ainsi qu’aux siens propres.

L’enfant ne naît pas avec la capacité de reconnaître les états mentaux comme des états ayant un sens pour lui.

Dans la relation d’attachement sécurisante, les adultes parviendraient à donner du sens aux comportements de l’enfant en termes d’états mentaux.
Ce sens donné permettrait de fournir à l’enfant des connaissances sur ses propres états internes.
L’enfant accèderait alors progressivement à une compréhension de ses propres états mentaux et de ceux d’autrui.
Ce qui l’aiderait à mieux réguler ses émotions et à interagir efficacement avec les autres.

Ainsi, une relation sécurisante vécue par l’enfant serait une condition favorable au développement de ses propres capacités de mentalisation et donc de sa conscience réflexive.
Gratifié de cette bonne conscience réflexive, l’individu aurait à terme une bonne capacité de développer des relations sécurisantes avec les autres.

Défaut de la fonction réflexive et troubles psychopathologiques.

L’absence de capacité chez les adultes à contenir l’expérience de l’enfant risque d’entraîner chez celui-ci un échec à développer une capacité rudimentaire à entrer pleinement dans sa propre expérience subjective et dans celle des autres, sans dépendre de mécanismes primitifs de défense.

Selon les théories de l’attachement, le défaut de fonction réflexive de l’adulte serait donc favorable au développement chez l’enfant de différents troubles psychopathologiques.

Le vécu de décalage du fonctionnement en arborescence.

Un déficit possible en théorie de l’esprit. 

Le vécu de décalage de la personne fonctionnant en arborescence peut engendrer un sentiment général d’incompréhension.
En effet, la personne se sent incomprise et, en même temps, affirme ne pas comprendre non plus les autres.

Ainsi, chez les personnes fonctionnant en arborescence, nous pouvons retrouver des difficultés liées au déficit en théorie de l’esprit.

Ou bien une trop grande authenticité ?

De plus, ce que les autres peuvent percevoir comme des « maladresses sociales » peut révéler une personnalité qui s’exprime de manière authentique, sans masque.
Ici, le vrai self semble s’exprimer de manière spontanée. Il est donc directement accessible.

Aussi, la recherche spontanée de vérité peut s’accompagner d’une certaine naïveté chez les personnes avec un fonctionnement en arborescence.
Ce constat a fait dire que les personnes qui « pensent trop » seraient plus facilement manipulables.

Cette naïveté peut aussi engendrer une difficulté dans l’interprétation de l’implicite et des sous-entendus.
Car elle a tendance à tout prendre au pied de la lettre, c’est-à-dire au premier degré.
En effet, la naïveté est définie comme la « simplicité et ingénuité de quelqu’un qui exprime naturellement et avec confiance ses sentiments » ou bien la « crédulité de quelqu’un qui résulte de trop de confiance » (Larousse).

La naïveté est souvent perçue à tort par les personnes comme un défaut d’intelligence.

Pour Victor Hugo, « la naïveté est le visage de la vérité ».

Pour Jean de la Bruyère, « la même chose est, dans la bouche d’un homme d’esprit, une naïveté ou un bon mot, et dans celle du sot, une sottise ».

 

Haut Potentiel, TDAH et/ou « Aspie » = maladie, handicap, neuro-atypicité ou dysfonctionnement sociétal ?

Aujourd’hui les motifs de consultation pour une demande de « diagnostic » Haut Potentiel, TDAH et/ou Asperger représentent une part importante des premières demandes de consultation.
Comme l’atteste le long délais d’attente pour obtenir un bilan dans un CRA (Centre de Ressources Autisme) ou au CRDTA (Centre Régional de Diagnostic des Troubles d’Apprentissage).

Une quête d’identité, de reconnaissance, de légitimité, d’existence.

Il n’est pas rare que les patients en quête de ses « diagnostics » mènent en réalité une quête identitaire.
En effet, ils évoquent souvent ce besoin de comprendre qui ils sont, de pouvoir être acceptés tels qu’ils sont vraiment, de se sentir intégrés dans la société pour ce qu’ils sont. Car, jusque-là, cela n’aurait pas été le cas.

Le patient qui interpelle le médecin pour une demande de diagnostic recherche souvent au travers de celui-ci une légitimité à exister.
Mais qu’est-ce qui peut bien pousser aujourd’hui les personnes à rechercher à exister au travers d’une étiquette diagnostique ?

Une « normopathie » :

La normopathie est le besoin excessif d’être « normal », d’être « comme les autres ».

Le vécu douloureux de sa différence peut mener à la mise en place de stratégies pour copier le comportement social des autres afin de pouvoir s’intégrer dans le groupe.
C’est le fonctionnement en « faux-self » qui agit en fonction de ce que les autres attendent de lui.
Le faux-self se construit par une hyperadaptation superficielle et une pseudo-identification à l’autre. Il agit par imitation et conformisme.
La personne a réussi à se mouler aux attentes de l’autre au prix d’étouffer sa personnalité spontanée et authentique.

La demande diagnostique peut alors avoir pour objectif de mieux se connaître et de mieux connaître les autres, afin de se fondre davantage dans la masse.
Ou bien, à l’inverse, peut être motivée par un « vrai-self » qui commence à souffrir d’être constamment asphyxié et qui demande, enfin, à être pris en compte.

Un besoin de réassurance :

Mais de nombreuses personnes ne parviennent pas à mettre en place un faux-self efficace et protecteur.
Elles ne parviennent pas à se mouler aux attentes de l’autre.
En conséquence, elles accumulent les expériences de rejet et en souffrent.

La demande diagnostique peut alors avoir pour objectif l’obtention d’une certaine réassurance, d’un portage psychique.

Un besoin de « tout » comprendre :

Cette recherche de diagnostic peut aussi répondre au besoin de « tout » comprendre caractéristique du fonctionnement en arborescence.
En effet, la personne a besoin de mettre des mots sur un vécu qui échappe à son besoin de maîtrise.

L’objectif de la démarche diagnostique sera alors d’explorer en détail ce fonctionnement singulier.

Une revendication d’une originalité ou d’un statut à part :

D’autres patients évoquent que la parole d’un professionnel de santé (qui pose un diagnostic) serait un argument de poids.

Selon eux, la pose d’une « étiquette » leur permettra de revendiquer auprès des autres qu’ils ne sont pas « bizarres » (ce que l’entourage leur renverrait depuis l’enfance avec une forte connotation négative) mais simplement « différents » (connotation positive).

Ainsi, la demande diagnostique peut aussi être liée à une avidité à se reconnaître dans des syndromes médiatisés car valorisés.
L’objectif serait d’obtenir une attention positive de l’entourage afin de se sentir exister.

Le piège du diagnostic.

Une légitimité recherchée. 

Il est vrai que de se sentir reconnu au travers du regard de l’autre nourrit notre sentiment de légitimité.
L’être humain peut alors penser qu’il obtiendra cette reconnaissance grâce à la pose d’un diagnostic, c’est-à-dire grâce à une intervention extérieure – comme celle du médecin – à lui-même.

Mais, en réalité, il faut pouvoir, en premier lieu, se convaincre de sa propre légitimité.
En effet, il est impossible d’être perçu par autrui comme légitime si nous ne nous sentons pas d’abord nous-même intimement légitime.

L’identification à l’étiquette.

La pose de certaines étiquettes diagnostiques paraît au départ valorisante si c’est la seule voie qui permet une reconnaissance.
Mais, un jour ou l’autre, cette étiquette risque de se retourner contre la personne et de l’enfermer dans une case stigmatisée.

En effet, les pensées, émotions et comportements risquent d’être toujours perçus par l’entourage et/ou par la personne elle-même qu’au travers de l’étiquette.
La personne est alors réduite à son étiquette : elle est devenue cette étiquette et n’existe qu’à travers son diagnostic. Elle dira « je suis HPI / asperger / tdah / bipolaire / etc. ».
Cette identification au diagnostic ne pourra alors que renforcer ce dernier.

Un travail intérieur bloqué.

Finalement, le diagnostic comme « explication » à tout a tendance à geler tout travail sur soi-même.
Les personnes en demande uniquement d’une « étiquette » diagnostique ne sont plus dans une démarche de travail intérieur.
Tout se passe comme si la personne s’appuyait sur une « solution » extérieure – l’étiquette diagnostique posée par le médecin, perçu comme garant du Savoir, de la Sciences et de la Vérité – plutôt que de rechercher des réponses à l’intérieur d’elle-même.

Si les diagnostics éclairent le médecin et le guide dans sa prise en charge, ils ne peuvent se substituer à une compréhension qui reste toujours individuelle et personnelle.

Se reconnecter à soi-même.

L’objectif ne serait-il pas de se découvrir afin de mieux s’affirmer dans sa différence ?
Afin de pouvoir rentrer en relation symbiotique avec autrui.

La définition de la symbiose est une « Association étroite de deux ou plusieurs organismes différents, mutuellement bénéfique, voire indispensable à leur survie. » selon le Larousse.