Refoulement des souvenirs.

MĂ©canisme de refoulement.

Des chercheurs avaient déjà montré qu’il était possible d’altérer un souvenir suite à un effort conscient.
Les neurosciences cognitives viennent aujourd’hui de démontrer qu’il est également possible d’altérer inconsciemment des souvenirs.
La démonstration expérimentale d’une manipulation inconsciente des souvenirs correspond au mécanisme de refoulement, un concept de la psychanalyse.

Nous savons dĂ©sormais qu’en faisant un effort conscient de rĂ©pression d’un souvenir prĂ©cis, il est possible de l’altĂ©rer. C’est-Ă -dire que nous pouvons diminuer notre capacitĂ© Ă  se le remĂ©morer. Cet effet est concomitant Ă  une dĂ©sactivation des structures du cerveau impliquĂ©es dans l’encodage de la mĂ©moire. Ces structures cĂ©rĂ©brales sont appelĂ©es les hippocampes cĂ©rĂ©braux.
Nous dĂ©couvrons aujourd’hui qu’une telle fragilisation est Ă©galement possible inconsciemment.

Peut-on altérer un souvenir à l’insu d’une personne ?

Des chercheurs du Centre de Psychiatrie et de Neurosciences de l’Inserm ont testĂ© cette hypothèse Ă  l’aide d’un dispositif expĂ©rimental. De la mĂŞme façon, il avait Ă©tĂ© auparavant dĂ©montrĂ© l’altĂ©ration possible d’un souvenir par un effort conscient.

Les chercheurs ont recréé en laboratoire les conditions d’un mécanisme de remémoration inconscient. Des volontaires ont appris des paires de mots associés (par exemple, balade-colline, bougie-champagne…). Puis il leur était demandé, en fonction d’un signal visuel, lorsque le premier mot leur était présenté, soit de penser au second mot de la paire, soit de s’empêcher d’y penser.
Les signaux visuels donnant la consigne de penser ou de ne pas penser au second mot de la paire étaient présentés de façon trop brève pour accéder à la conscience. Les personnes devaient alors déterminer le plus rapidement possible si le premier mot était féminin ou masculin.
Le signal visuel associé à la consigne de ne pas penser au second mot diminuait la capacité de remémoration de ce mot. Le signal associé automatiquement à la consigne d’y penser l’augmentait.
Ainsi, les chercheurs ont mis en Ă©vidence une altĂ©ration de la capacitĂ© Ă  se remĂ©morer le second mot, alors que les signaux visuels n’avaient pas Ă©tĂ© consciemment perçus.

Cette étude démontre qu’il est donc possible de manipuler inconsciemment les souvenirs.

Ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives pour comprendre les phĂ©nomènes psychiques inconscients. S’il est possible de dĂ©montrer un tel phĂ©nomène de refoulement, dans la vie quotidienne la rĂ©pĂ©tition d’évĂ©nements altĂ©rant un souvenir pourrait avoir des consĂ©quences majeures.
Plus gĂ©nĂ©ralement, cette recherche dĂ©montre encore une fois que la mĂ©moire est susceptible de distorsions, et mĂŞme de manipulations. C’est donc un enjeu majeur pour les tĂ©moignages et pour la biographie de chacun.

Source issue du site : presse.inserm.fr