Le blogschizo de Lana, schizophrène.
Une patiente diagnostiquée schizophrène témoigne dans son blog.
Avant, il fallait que personne ne sache.
Lana raconte qu’avant, elle Ă©tait enfermĂ©e dans la maladie dont elle ne pouvait parler Ă personne.
Elle se décrit comme une adolescente qui était quasi mutique par moments, et muette sur ses troubles tout le temps.
Mais elle avait son journal, qui Ă©tait le seul endroit oĂą elle pouvait dire, ĂŞtre, reprendre un peu de pouvoir sur son esprit en essayant de comprendre ce qui le troublait.
Mais ce silence l’étouffait.
Se taire, dans sa vie de tous les jours, lui pesait. Parce qu’elle se me sentait complice de la stigmatisation, de ce qu’on entend Ă la tĂ©lĂ©, dans les journaux, et dans le quotidien.
La première personne Ă qui Lana a parlĂ© de ses troubles souffrait elle aussi. Avec ce patient, c’était une dĂ©livrance, parce que ça ne lui Ă©tait pas du tout Ă©tranger. Lana n’Ă©tait plus seule. Enfin, ils Ă©taient deux.
Après, Lana a du parler Ă des psychiatres, sentant que sa vie Ă©tait en jeu. Elle raconte qu’il lui a fallu du temps avant de tomber sur un soignant qui l’a Ă©coutĂ©e et qui a posĂ© un diagnostic.
Avec ce diagnostic, Lana a osé intervenir sur un forum consacré à la schizophrénie.
C’était alors pour elle le début du partage, de la reprise de pouvoir sur la maladie. Elle avait un nom, il y avait d’autres personnes qui en souffraient, elles s’encourageaient, s’entraidaient, c’était une façon de combattre la maladie. Ce qui ne se disait pas dans la vie réelle pouvait être exprimé sur internet. C’était pour elle une vie parallèle, l’endroit où elle n’était plus obligée de se taire.
Lana a alors dĂ©cidĂ© d’ouvrir son blog.
Elle voulait recopier ce qu’il y avait dans son journal. Son but Ă©tait que les gens comprennent ce qu’il y avait dans la tĂŞte d’un schizophrène, qu’ils comprennent la souffrance et la « folie », et surtout que cette souffrance est infiniment humaine.
Elle voulait qu’on la rejoigne dans son monde, où elle se sentait si seule et isolée.
Des gens ont été touchés par son journal. Cela lui a redonné confiance en elle, en lui permettant de découvrir ses capacités et ses compétences.
Alors, elle s’est mise Ă parler de ce qu’elle ressentait, de ses rĂ©flexions sur la psychiatrie et de sa vision de la maladie mentale.
Lana a ensuite était invitée à des conférences.
Lana est devenue une femme qui parlait, s’exprimait, et qui était écoutée.
Le blog qui Ă©tait au dĂ©part centrĂ© sur sa maladie, est devenu l’outil de son rĂ©tablissement.
Pour Lana il est très important de porter la parole de quelqu’un qui se rétablit. Si les soignants entendent la parole du malade toute la journée, ils entendent moins celle de celui qui se rétablit et qui bien souvent a déserté la psychiatrie.
Ainsi Lana conclut :
« Sans ce blog, aurai-je tenté l’aventure de la pair-aidance ? Sans doute pas. Aurais-je retrouvé confiance en moi ? Sans doute moins. »
Extrait du site : blogschizo.wordpress.com